Histoire d'Abbaye de Sept Fontaines (version texte)

§ Nous sommes au Moyen-Age.  Le seigneur Helie, châtelain de Mézières, a l'exemple de son suzerain Vitter VIII, eût l'idée de consacrer à Dieu une partie de ses biens.  Helie s'adresse à l'Abbaye de Floreffe, située à 10 kms de Namur, et ensemble décident la fondation de Septfontaines en 1129.  Son interlocuteur fût Richard (le premier abbé de Floreffe) disciple de Saint Norbert.

Richard fit venir dans notre région quelques chanoines réguliers avec à leur tête, Jean.  Ce dernier trouva un lieu rêvé: Fagnon.  C'est là que Jean devait installer ses moines.  Pour la prière et la méditation, il y aurait le calme, le silence, la solitude; pour le travail: la clairière, les champs et la fôret.

Septfontaines car sept sources.  Mr. Jacques Vendroux précisera dans ses notes: "Avant qu'elles ne fussent captées et dirigées, il y en avait une, la principale, à la ferme, une dans le potager, une à la cressonnière, une dans le haut de la Normandie, deux dans le parc et une aux Quatre-vents."

Le travaux de construction débutent en 1129 et furent achevés en 1158.

Dans la bulle de 1138, le pape Innovent II décide que demeureront à vie tous les bien et terres concédés à l'abbaye de Septfontaines.

En 1153, date de la mort de Jean Abbé, les travaux sont poursuivis par Baudoin.  Ce dernier terminera la période d'installation par la construction de l'église de Septfontaines, dénommée Basilique et consacrée en 1158 par l'Archevêque de Reims.  C'est dans cette église que l'on placera après leur mort les corps du chevalier Hélie et de sa femme Odile.  Cet édifice traversera le temps et ne sera detruit totalement que durant la révolution de 1789.  Les seuls vestiges qui nous en restent sont deu series de 4 colonnettes engagées et surmontées de chapiteaux romans (dont deux soutiennent la cheminée situré dans le salon gris).

A cette époque, Septfontaines possédait une métairie à Neuville, ainsi qu'une ardoisière à Fumay.  De plus, compte tenu des différentes donations et de la perception de la dime l'abbaye de Septfontaines se trouve propriétaire de nombreuses terres situées sur les villages proches et ce jusqu'aux environs de l'an 1300.

C'est en 1541 que Septfontaines est tombée sous le régime de la Commende.  Ce régime attribuait, en l'absence d'un titulaire, l'administration matérielle des monastères à un laïe.  Toutefois, le Roi François 1er, comprenant l'usage qu'il pouvait tirer d'une telle situation, s'arrogea le droit de nommer lui même les bénéficiaires.  Ces derniers prenaient le titre d'Abbés Commendataires.  C'est probablement à cette circonstance que Septfontaines doit de porter dans son titre le qualificatif  "d'Abbaye Royale de Notre Dame de Septfontaines" et d'inscrire dans ses armes deux fleurs de lys.

Après la prospérité des premiers siècles, les siècles suivant vont être noirs, excessivement troublés et douloureux.  Les invasions, les guerres, les razzias, les impôts, la famine, la peste, feront naître à leur suite un désordre et une misère insoupçonnés et qui dureront à peu près jusqu'en 1690.  De par sa situation proche des frontières, Septfontaines se trouvait surla route de toutes les invasion.  Certaines guerres ont été particulièrement ravageuses dan notre région: la guerre de Cent Ans (1338 à 1453, la guerre contre l'Autriche avec le célèbre siège de Mézières en 1521 (Francois 1er et Charles Quint), les guerres de Religion (1652) et enfin la guerre contre les Espagnols et la Fronde de 1635 à 1686.

C'est a l'époque des guerres de Religion que, les relations avec l'abbaye de Floreffe étant devenues impossibles, l'abbaye de Septfontaines passe sous la mouvance de Prémontré.

En 1660, à la fin des troubles, un procès verbal fait le constat de l'état lamentable dans lequel se trouve l'abbaye de Septfontaines et d'un nombre très importants de travaux à effectuer.  Ce n'est qu'en 1698 que l'abbaye de Septfontaines pourra supporter la lourde tâche d'entreprendre la reconstruction nécessaire.

L'administration matérielle fut dirigée pendant 59 ans par Mr. Louis Dufour de Longuerue.  C'est, selon toute vraisemblance, son influence qui permit la reconstruction matérielle.  L'ensemble du monastère, exceptée l'église que l'on restaura, fut donc reconstruit en 1698.  Les guerres du XVIIème siècle avec toutes leurs misères avaient rendu cette operation inévitable.

Il n'en reste pas moins que la rénovation morale et spirituelle de l'Abbaye, comme de la religion d'une façon générale à cette époque, posait problème.  Dans l'ordre des Prémontrés, nombre d'Abbés Titulaires s'en desintéressaient et n'assistaient que très rarement aux Chapitres Généraux.


§ Description de l'Abbaye en 1700, a la veille de la Révolution

L'entrée se fait par le cloître (hall d'accueil).  Au rez de chaussé se trouve: la cuisine et le réfectoire (cuisine), une grande salle pour la réceptions des personnalités (salon bleu) et une grande salle de réunion et de travail (salon gris).  Sur ce bâtiment, côté parc, on pouvait lire l'inscription suivante: "Ad Laudem Dei" Louange à Dieu.

Au premier étage se trouve une partie des chambres des religieux, les chambres d'hôtes et l'infirmierie.  Les deux ailes renfermaient une salle de billard, une bibliothèque, des bureaux et un fruitier.

Des ruines actuelles s'élevait une ferme avec une brasserie, une grange, une écurie et le logement du fermier.  Le club-house du golf constituauit le hangar, la remise pour le bois et le poulailler.

Reprenons l'histoire.  Le 23 Mai 1766, Lous XV prit un arrêté instituant une "Commision du Clergé".  Cette commission précisa, en 1768, qu'il devait y avoir au moins 16 religieux dans chaque monastère sous peine d'envisager la suppression.  Or, les guerres et l'esprit du siècle favorisant le déclin religieux, le nombre de résidents ou considéré comme tel (c'est à dire en cure) etait a Septfontaines de 14.  Ce n'est que la sollicitation de l'Abbaye de Dommartin et la venue de deux de ses religieux qui permit à Septfontaines d'éviter la suppression.


§ La Révolution -- les derniers jour de l'abbaye

Après avoir tenu humblement le flambeau de la vie monastique dans notre région pendant 660 ans, l'abbaye allait devoir faire face a une difficulté d'une toute autre envergure: la grande Révolution.  L'Église s'en releva non sans aoir perdue ses privilèges et ses biens matériels.

C'est le 8 Mai 1790 que les Officiers Municipaux de Fagnon se présentèrent à l'Abbaye pour prendre possession de la maison et dresser l'inventaire des comptes et des biens.

Le début de l'année 1791 vit le départ des religieux.  La vie religieuse s'était éteinte.

La vente des biens commença le 4 Avril 1791 par le mobilier et le contenu de la maison.  Cette vente dura 4 jours et chacun repartit avec quelque cose dans les bras.  Puis, le 1 Juin, furent vendus les objets de l'église.  On peut retrouver certains d'entre eux dans les églises environnantes: Gespunsart, St. Marcel, Fagnon, etc....Ensuite arriva la vente des bâtiments et des terrains.  Son premier acquéreur (1791) n'étant pas solvable, une seconde vente fût programmée en 1793.  Le prix de vente avait toutefoi largement baissé.  En effet, pendant l'hiver 1792-93, de nombreux actes de vandalisme furent commis.  Les portes, volets, vitres, armoires dans les murs et même les canalisations d'eaux en plomb avaient disparu ou étaient détruits.  En fois encore, la vente fût annulée et c'est en 1794 que Septfontaines connut son premier propriétaire privé: Mr. Presolles.  Ce dernier fit démolir immédiatement l'église abbatiale.  L'Abbaye Royale de Septfontaines avait vécu et maintenant commençait une ère nouvelle pour le château de Septfontaines.

C'est à cette époque que de nombreuses modifications sont intervenues.  Avant 1810, disparition du cloître (No 5) Avant 1842 disparition des deux ailes (No3 et 4) et la construction de deux tours de trois étages de chaque coté du bâtiment.  Un incendie détruisit partiellement le château en 1907 et la tourelle nord dût être reconstruite en 1908.

Le château devint ensuite la propriété du Vicomte de Rémond et, plus tard, de ses descendants.  Il passa, après, à Mr. Alfred Corneaux, qui le transforma en une propriété de plaisance.

À la mort de Mr Corneaux, le château resté en indivis, fût acheté par l'époux d'une de ses filles, Mr. Forest.  Ensuite, le château passera à Mr. Jacques Vendroux, armateur à Calais, par son mariage avec Mlle Forest.  La famille venait passer les vacances avec leurs quatre enfants: Jacques, Yvonne, Jean, et Suzanne.  Ce n'est qu'après la guerre 1914-1918, que Mr. Vendroux s'y installa.

Durant la guerre 14-18, Le Général Joffre installe son quartier général à Septfontaines mais il ne reste que quelque jours étant dans l'obligation de se replier.  En Septembre 1914, l'Empereur Guillaume II s'installe à Charleville.  C'est ainsi que le château de Septfontaines fût désigné comme Casino Impérial.  Sa majesté y venait tous les jours prendre le thé accompagné par les officiers supérieurs de sa suite (le Kromprinz, l'amiral Von Tirpitz, le feldmarschal Graf von Moltke.....)

Quelque années après la guerre 14-18, un jeune officier de belle allure, s'arrêtait volontiers pour vous tendre la main lors de ses promenades.  Son point d'attache: le château de Septfontaines où il venait rencontrer sa fiancée.  Ce jeune homme avait nom: Charles de Gaulle.


(Résumé tiré en partie du livre de J. Séry sur l'histoire de l'Abbaye Royale de Notre Dame de Septfontaines.)

URL http://www.demanet.info                                                                                                               En coulisse